lundi 18 janvier 2010

VI- LE RAT SCHIZO

Mais mais mais… que la Sainte-Hase me croque et que Beuzbeuny me fume! Je ne vous ai pas parlé du Ministre Raskyzo, et ne pas vous en parler serait manquer à mon devoir médiatique d’écrivaillon cuniculophile! Prenons, un tant soit peu, un temps certain pour parler de ce personnage bas de forme mais malheureusement haut de plafond, de ce personnage qui, en un temps encore plus reculé et arriéré, aurait été nommé Grand Inquisiteur.
Là, il n’était que Ministre du Dedans. Et c’était déjà ça de gagné. « Ministre du Dedans », ça fait moins peur, c’est plus intimiste…

            On ne sait pas grand-chose de son enfance, Raskyzo étant né hors de la forêt des Deux-Dents. D’ailleurs, fût-il enfant un jour ? La négative ne serait qu’une particularité de plus, très équilibrante pour lui qui jamais n’atteignît la taille adulte.

            Dans tous les cas, sa vraie naissance se fit aux côtés –ou à l’arrière- du Grand Lapin, à l’époque où ce dernier n’était pas encore Grand Lapin, mais simple futur candidat se complaisant à faire frétiller la queue de la masse publique avec son fameux projet « Deux-Dents, forêt propre ». Derrière ce candidat serrant pattes de lapins sur pattes de lapins pour se porter chance, la populace croyait voir son ombre instable frétiller… Mais quand vous marchiez sur cette ombre, cette dernière couic-couicait en faisant « couic ! couic ! », ce qui vous permettait de penser qu’il ne s’agissait, au final, pas d’une ombre, mais d’un petit être à part : Raskyzo.
            S’il était difficile de l’apercevoir, lapins et lapines apprirent très vite à l’entendre, dans l’intérêt manifeste et discursif qu’il avait d’aider son modèle « à assumer le destin qui était le sien, et qui était grand »… Personne ne comprit à l’époque qu’il parlait de lui-même, à la troisième personne.

C’était un lapin nain qui n’écoutait que lui-même, mais qui aimait se faire entendre, aussi Madame la Nature, largement aidée par Beuzbeuny qui pourvoit généreusement aux besoins de ses fidèles, lui avait-elle octroyé de courtes oreilles (pour moins entendre les autres) décollées vers son museau (pour mieux s’écouter), museau qu’il avait long (pour mieux se faire entendre). Inutile de préciser qu’il avait les dents longues. Ajoutez à ce portrait une légère tendance spasmodique nuquale, et une personnalité aux tendances variables, et vous comprendrez alors pourquoi, très rapidement, l’ensemble du peuple lapin le surnomma le Rat Schizo. En adepte du maintien de la peur, il adopta lui-même ce surnom.

Quand le Grand Lapin accéda à l’état suprème chef de lapin en fonction (oups, j’ai peut-être mélangé des mots, là… Réflexe de cuistot, quand on me parle de suprème de lapin…), le Rat Schizo était toujours derrière lui, mais doté d’une fonction de Ministre du Dedans propice à faire exploser ses qualités dirigeantes :
-          Il fit enfermer tous les réfractaires dans le Clapier de La Santé (la santé… celle du régime en place, s’entend) ;
-          Il créa la Compagnie des Lapins Bleus dont la tâche était de maintenir l’ordre en maniant le bâton à défaut de la carotte. Les Lapins Bleus étaient pour la plupart des lapins-béliers, et les habitants des Deux-Dents les appelèrent rapidement les C.R.S. : les Compagnons du Rat Schizo…
-          Enfin, il fit renvoyer hors des Deux-Dents les lapins irréguliers, lesquels finirent pour la plupart leur vie dans des fermes coopératives ou dans des civets individuels.
Et, tous les jours, afin d’exsuder ses exploits politiques, il partait courrir à petites foulées autour d’un arbre.

            Le Rat Schizo était lui-même de couleur bleue. Chez nous, les humains, quand quelqu’un est bleu, c’est qu’il n’est plus. Ou alors, il faut s’inquiéter. Mais bizarrement, c’est une couleur assez courante chez les lapins, surtout les lapins nains… Il était bleu, donc, avec un plastron et des papattes blanches, d’un blanc légèrement écru tendant vers le pâtisson.
           
Bleu, Blanc-courge.


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